LES
TROIS GRANDES CALAMITÉS
Affaire
d’Espagne
Le
6 juin 1808, Napoléon propose la couronne d’Espagne à son frère aîné
Joseph, jusque-là roi de Naples (le maréchal Murat le remplacera). Cette
« annexion familiale » de l’Espagne indispose tous ceux qui ont
mis leurs espoirs en Ferdinand VII, ou en Napoléon parce qu’ils espéraient
que celui-ci prendrait le parti de Ferdinand. Le retrait de ce dernier, très
populaire, et la présence de soldats français désespèrent l’opinion
publique. Poussée à l’émeute par des nobles et des réformistes, la
population de Madrid se révolte. Cette affaire se terminera par le célèbre
« dos de mayo » (2 mai 1808), le peuple espagnol se soulève et
conduit à la capitulation le général Dupont à Bailén. Mais surtout, pour la
France napoléonienne, la guerre espagnole est un effroyable gouffre : 260 000
hommes y meurent. Ce fait
d'armes et la répression qui a suivi ont été immortalisés par Goya dans deux
toiles d'une stupéfiante modernité : Dos de Mayo et Tres de Mayo.
Notons que le peintre a réalisé ces chefs-d'oeuvre en 1814, après l'expulsion
de l'occupant. Point positif tout de même pour Napoléon qui a aboli
l'inquisition en Espagne en 1808 . Elle sera malheureusement rétablie en 1814
et ne sera abandonnée définitivement qu’ en 1834..
La
campagne de Russie.
L’armée
de Napoléon franchit le Niémen, fleuve séparant les deux empires, le 24
juin 1812. Napoléon veut tout de suite battre les Russes pour traiter avec eux
; les Français doivent attendre d’être arrivés dans la plaine de Borodino
pour livrer la première bataille de cette guerre d’usure. Le 7 septembre, près
de la rivière Moskova, se livre un terrible affrontement : 30 000 morts parmi
les Français, 40·000 chez les Russes, tel est le bilan de cette journée.
Napoléon rentre dans Moscou déserté où l’incendie fait rage. Le
commandement russe a fait courir le bruit que les Français étaient
responsables de l’incendie : aussi, dans toute la Russie, les combattants se lèvent-ils
pour mener la guerre sainte contre les ennemis. Comprenant qu’il n’obtiendra
rien, et comme il a reçu de Paris la nouvelle inquiétante du complot raté du
général Malet, Napoléon se résout à donner l’ordre de la retraite, le 19
octobre. Les troupes, qui ont tant souffert de la canicule à l’aller, font le
chemin inverse alors que l’hiver est déjà installé. Les hommes sont fatigués,
mal nourris et mal équipés. La steppe est rapidement jonchée de cadavres,
hommes et chevaux morts de froid, de faim et d’épuisement, ou encore massacrés
par des unités de cosaques, qui les harcèlent. L’acte le plus héroïque de
cette retraite est le passage de la Bérézina, le 28 novembre. Pour traverser
l’immense fleuve à demi gelé, les pontonniers du général Eblé, plongés
pendant deux jours dans l’eau glacée, parviennent à jeter entre les rives
deux ponts, pris d’assaut par les fuyards. Douze mille d’entre eux, des
retardataires restés sur la rive Est, sont massacrés par les Russes, alors que
Napoléon a déjà donné l’ordre de faire sauter les ponts. À la mi-décembre,
ce qui reste de la Grande Armée atteint enfin le Niémen. Il ne reste plus que
100 000 soldats sur les 600 000 entrés en Russie. Vous avez bien lu 500 000
morts. C’est donc surtout un ennemi imprévu, le « général Hiver »,
qui a provoqué le plus grand désastre de l’épopée napoléonienne.
Bataille
de Trafalgar.
Napoléon
Ier veut débarquer en Angleterre avec les 200.000 hommes réunis à Boulogne.
L'amiral français de Villeneuve réussit
à entraîner la flotte anglaise de Nelson jusqu'aux Antilles. Il tente de
revenir au plus vite vers la Manche pour couvrir le débarquement en Angleterre.
Mais, traqué par Nelson, il se réfugie dans le port de Cadix où des navires
espagnols alliés le rejoignent. Pour complaire à Napoléon 1er, qui l'accable
de reproches, Villeneuve se résout à sortir de la rade. Le 21 octobre 1805,
Nelson engage la bataille avec 27 navires anglais contre 33 pour les
Franco-Espagnols. Mal commandés, les Français et leurs alliés perdent la
moitié de leurs navires soit 23. Les Anglais n'en perdent aucun. L'échec est
sans appel pour Napoléon et son allié espagnol, avec un bilan humain une fois
encore tragique : plus de 4500 morts et 2500 blessés. Les Anglais dénombrent
450 morts (dont l'amiral Horatio Nelson), 1200 blessés.
Retour
à NAPOLÉON