JEUNE RÉVOLUTIONNAIRE

Ce petit texte montre comment Bonaparte défendit l'idéal révolutionnaire dans sa jeunesse.

Dès les premiers mouvements révolutionnaires, les deux députés corses du tiers, MM. Saliceti et Colonna-Cesari, pressent leurs amis de s’emparer du pouvoir, de donner autorité pleine et entière aux municipalités, de former des milices nationales, comme cela se faisait partout en France. Le lieutenant Bonaparte, à peine arrivé à Ajaccio, prend l’initiative de la formation d’un Comité Patriote de trente-six membres ; il se montre enthousiaste de “l’heureuse révolution qui a rendu l’homme à ses droits” et dénonce les fonctionnaires français qui ont maintenu pendant “vingt ans les Corses dans l’esclavage”. Le grand proscrit corse, Pascal Paoli, arrive à Paris le 3 avril 1790 ; il est reçu par Mirabeau et Lafayette comme un “héros et un martyr de la Liberté”, il est présenté au Ministre de la guerre, au Roi, à la Cour, et il est l’objet d’une réception enthousiaste à la société les Amis de la Constitution, présidée par Robespierre. Pascal Paoli débarque à Bastia le 17 juillet 1790 ; le lieutenant Bonaparte lui présente ses hommages ; dans la nouvelle organisation administrative, son frère Joseph est élu, le 12 octobre, président du directoire du district d’Ajaccio. Le congé du lieutenant Bonaparte, qui a été prorogé de quatre mois et demi en avril 1790, vient à expiration à la fin de novembre, et il n’attend « qu’un vent favorable pour s’embarquer » ; sur ces entrefaites, on apprend, par le Moniteur que, dans la séance du 6 novembre, Buttafoco a prononcé une violente diatribe contre Paoli et ses sectateurs “des hommes audacieux qui se couvrent du masque du bien public” pour répandre les “impostures”, “emprisonner les citoyens”, “mettre leur volonté à la place des décrets de l’Assemblée”.Après cette péripétie, le “Club Patriotique” d’Ajaccio, qui était affilié aux Jacobins de Paris, donne mission au lieutenant Bonaparte, dans sa séance du 6 janvier 1791, de stigmatiser dans un écrit “les infâmes calomnies” de Buttafoco. Le lieutenant Bonaparte termine son travail le 23 janvier. Il en donne lecture dans la séance du soir ; c’est intitulé : Lettre de M. Bonaparte à M. Buttafoco, député de la Corse à l’Assemblée nationale. Bien qu’il se soit promis de raisonner avec “flegme”, il réédite toutes les basses calomnies des Paolistes contre Buttafoco ; il le traite de “vendu”, de “lâche”, de “traître”, “d’égoïste”. Ces violences sans mesure charment les membres du Comité patriotique qui votent l’impression de l’ouvrage parce que l’auteur, suivant les termes du président Masseria “a dévoilé avec autant de finesse que de force et de vérité “les infâmes calomnies de Buttafoco”. Le lendemain, Bonaparte part pour son régiment.

Plus tard, Bonaparte, devenu Napoléon Ier, dira :

« Jeune, j’ai été révolutionnaire par ignorance et par ambition ».

Pourtant, s'il avait été moins ignorant et moins ambitieux et donc s'il avait été contre la révolution, aurait-il eu le même destin ?

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