ESCLAVAGE :

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On n'a peut être pas assez explicité l'action de Napoléon concernant l'esclavage.

Après quelques hésitations, la convention avait voté avec enthousiasme le 16 pluviôse an II (4 février 1794) l’abolition de l’esclavage dans toutes les colonies sur proposition de Lacroix, Danton et Levasseur. Le décret  énonce : «La Convention déclare l'esclavage des nègres aboli dans toutes les colonies ; en conséquence, elle décrète que tous les hommes, sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français et jouiront de tous les droits assurés par la Constitution».

Il est malheureusement rétabli par Napoléon le 20 mai 1802 : voir le texte ci-dessous. Ce faisant, le premier Consul a répondu à une demande du Sénat et cédé à la pression de sa femme, Joséphine de Beauharnais, née Tascher de la Pagerie, originaire de la Martinique. Ce rétablissement de l’esclavage va entraîner des manifestations violentes dans les îles des petites Antilles, Guadeloupe et Martinique. Napoléon va combattre violemment cette rébellion avec des méthodes expéditives qui font penser à ce qui se passa un siècle et demi plus tard avec Hitler. Les révoltés étaient entassés dans les soutes des bateaux et on introduisait un gaz à base de soufre. Cette méthode qui était utilisée à l'époque pour désinfecter les navires permit d’éliminer plus de 25000 insurgés dans ce qu’on pourrait appeler « les soutes à gaz ». Point n’était besoin de four crématoire, les cadavres étaient simplement jetés à la mer. Mais la liquidation du « cheptel contaminé » fut rapidement remplacé par du « cheptel sain » indispensable pour exploiter au mieux les ressources des îles. Le commandant qui dirigeait l’opération fut un des premiers à avoir la Légion d’Honneur. Par contre, le soulèvement à Saint-Domingue ne put être jugulé et se traduisit par la perte définitive de ce territoire (55 % de la production actuelle mondiale de sucre). 

Dans la droite ligne de l'abolition de l'esclavage par Napoléon, il faut signaler : Le 2 juillet 1802, il interdit le territoire français aux "nègres" et aux "gens de couleur" et le 3 janvier 1803, il interdit les mariages "mixtes" en France.

La France, pays des droits de l’homme (!), n’abolira l’esclavage qu’en 1848, longtemps après le Royaume uni. Je voudrais en profiter pour rendre un hommage à un personnage inconnu du public. Son nom est Victor Schœlcher. Député de la Martinique et de la Guadeloupe, sous-secrétaire d’État à la Marine, il prépara le décret d’abolition de l’esclavage dans les colonies, le 28 avril 1848.

Quand est-il aujourd'hui ?  Il fallut attendre cent cinquante ans et le 23 mai 1998 pour qu'une marche de près de 40 000 personnes à Paris eut pour conséquence, le 22 Décembre 1998, une proposition de loi de Christiane Taubira, députée de la Guyane. La loi TAUBIRA-DELANNON n° 2001-434  tendant à la reconnaissance, par la France, de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité fut adoptée par  l’assemblée nationale et adopté, sans modification, en seconde lecture par le sénat le 10 mai 2001 


Décret du premier Consul de la République rétablissant l’esclavage 
« Au nom du peuple français, Bonaparte, premier Consul, proclame loi de la République le décret suivant, rendu par le Corps législatif le 30 floréal an X, conformément à la proposition faite par le Gouvernement le 27 dudit mois, communiquée au Tribunat le même jour.

Art. 1. Dans les colonies restituées à la France, en exécution du traité d’Amiens du 6 germinal an dix, l’esclavage sera maintenu conformément aux lois et règlements antérieurs à 1789.
Art. 2. Il en sera de même dans les autres colonies françaises au delà du Cap de Bonne Espérance.
Art. 3. La traite des noirs et leur importation dans les dites colonies auront lieu conformément aux lois et règlements existants avant la dite époque de 1789.
Art. 4. Nonobstant toutes lois antérieures, le régime des colonies est soumis, pendant dix ans, aux règlements qui seront faits par le Gouvernement. Collationné à l’original, par nous président et secrétaires du Corps législatif. A Paris, le 30 Floréal, an X de la République française. Signé Rabaut le jeune, président ; Thiry, Bergier, Tupinier, Rigal, secrétaires.
Soit la présente loi revêtue du sceau de l’État, insérée au Bulletin des lois, inscrite dans les registres des autorités judiciaires et administratives, et le ministre de la justice chargé d’en surveiller la publication. 

A Paris, le 10 Prairial, an X de la République. 

Signé : Bonaparte, premier Consul. 

Contre-signé : le secrétaire d’État, Hugues B. Maret. 

Et scellé du sceau de l’État. 

Vu, le ministre de la justice, signé Abrial. » 

Bien sûr, Napoléon a rétabli l'esclavage. Mais reconnaissons-lui, qu'en tant que chrétien, il n'a pas pris l'excuse de la Bible comme l'avaient fait auparavant les musulmans. En effet, la Genèse, premier livre de la Bible, rapporte que Noé s'étant enivré, son fils Cham se serait moqué de lui ; Noé aurait alors maudit Canaan, le plus jeune fils de Cham en le vouant à devenir pour ses frères l'esclave des esclaves. Jusqu'aux environs de l'An mil, ce texte ne suscite pas d'intérêt particulier et nul ne songe à associer une couleur de peau aux malheureux descendants de Canaan. Mais, comme l'écrit Olivier Pétré-Grenouilleau : «Ce sont les musulmans qui, les premiers, s'en sont servis afin de légitimer l'esclavage des Noirs. Il suffisait pour cela d'indiquer qu'ils descendaient directement de Cham,» Mais le Coran lui-même n'est pas innocent si on en croit  Malek Chebel qui parlant de l'esclavage écrit : "Le Coran n'est pas contraignant, l'abolition relève de la seule initiative personnelle du maître. Cette ambiguïté est constitutive de l'approche coranique : encourager ceux qui font le bien, mais ne pas alourdir la peine de ceux qui ne font rien. Et il ajoute : "Plusieurs versets entérinent au demeurant l'infériorité de l'esclave par rapport à son maître". Les Européens découvrent les traites négrières au XV ème siècle, à la faveur de leurs premiers contacts avec les commerçants musulmans, sur les marchés d'Afrique du Nord. Sans se justifier par un quelconque livre Saint, ils vont les imiter. Mais bien plus tard, au XVII ème siècle, les planteurs protestants américains, Bible à la main, reprendront à leur compte la malédiction biblique pour justifier leurs propres agissements.


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