En novembre, un événement assez extraordinaire se produit au Collège Jean Jaurès de Castres où je suis alors en cinquième. Contrairement à ce qui se passerait aujourd’hui, personne ne parle du film Fantômas. Pourtant, un matin, une inscription FANTOMAS en majuscule de 15 CM de hauteur (sans l’accent circonflexe sur l’O) est inscrite sur le mur de l’escalier qui conduit au bureau du principal. Alors que peu d’élèves sont au courant, une dictée est organisée dans l’après midi pour un concours nous dit-on. Dans cette dictée, les lettres majuscules de Fantômas sont toutes présentes à plusieurs endroits. Le pion qui nous dicte précise à plusieurs reprises que les fautes de majuscules seront comptées. Le lendemain, je suis convoqué avec deux autres élèves chez le principal. On m’explique le pourquoi du comment. On me demande de vider mes poches. Les objets que je pose sur la table du proviseur sont hétéroclites et saugrenus. Au fur et à mesure que je vide mes poches, je sens que mon visage devient écarlate. Ensuite, c’est au tour de mon cartable qu’on vide. Le spectacle n’est pas moins surprenant. Puis, c’est la trousse qu’on vide et là, l’un des surveillants se précipite vers une grosse mine de couleur. Elle a le diamètre d’une cigarette et mesure environ huit centimètres. Mes majuscules de la dictée, la couleur et le diamètre de mon crayon sont en tout point ceux du graffiti FANTOMAS. Les deux autres élèves ont été disculpés pour des raisons que je ne connais pas, alors on me soupçonne, on essaie de me faire avouer. Je ne sais pas de quoi on me parle, je nie tout en bloc. On insiste, on me menace d’une punition encore plus grande si je n’avoue pas. Mais je tiens bon, je nie avec insistance. La dictée, la couleur ne peuvent pas mentir, alors la sanction tombe : je suis coupable et je serais consigné pendant quatre dimanches. Je remballe mes affaires, sauf le crayon incriminé, et je rejoins ma classe qui a commencé le cours sans m’attendre. Le professeur arrête son cours et me demande des explications. Les regards de mes camarades sont oppressants, accusateurs mêmes. Je raconte toute mon histoire en continuant de nier. Le cours de math va reprendre, mais ce jour-là je ne serais présent que corporellement, mes pensées seront ailleurs. Je restais consigné pendant deux dimanches en rongeant mon frein. La troisième semaine, on découvrit le vrai coupable. Il savait qu’il ne fallait pas faire la dictée, il ne l’avait pas faite. Je n’ai jamais su comment il fut découvert. L’affaire se termina ainsi sans excuses, ni compensation. J’en garde un souvenir exécrable.
Fantômas faisait condamner des innocents, je fus une de ses victimes indirecte.
Le cachet qui fermait les lettres de Jean Jacques Rousseau portait l’inscription « Vitam impendere vero », qui signifie « Consacrer sa vie à la vérité ». Si j’avais eu un cachet, j’aurais sans doute adopté la même !
Et pour terminer l'affiche française du film :
Un autre remake de ce film intitulé "Fantômas"sera réalisé par André Hunebelle avec notamment Jean Marais, Louis de Funès et Mylène de Mongeot. Il sortira en salle le 04 novembre 1964 en France et le 05 avril 1966 aux USA. Ce film sera le premier d'une trilogie et sera suivi par "Fantômas se déchaîne" en 1965 et "Fantômas contre Scotland Yard" en 1967.
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